L’imagination fertile des Américains, joint à leur conception de la liberté, a produit une variété étonnante de croyances chrétiennes et quasi chrétiennes. On pourrait citer le pentecôtisme, l’unitarisme, le fondamentalisme, l’évangile social, l’évangile de la prospérité, les enseignements d’Ellen G. White, de Mary Baker Eddy, de Joseph Smith, de Charles Taze Russel, d’Herbert W. Armstrong et bien d’autres. La foi mennonite ne ressemble en aucune manière à ces concepts religieuses, elle est beaucoup plus ancienne et prétend être exempte d’inventions humaines.
Nous pouvons lire dans le Nouveau Testament comment la foi chrétienne s’est répandue de Jérusalem en Asie Mineure (aujourd’hui la Turquie), en Grèce, en Macédoine et en Italie. Dans les années qui ont suivi, les enseignants chrétiens ont voyagé dans tout l’Empire romain, en utilisant le réseau routier construit par Rome, et certains sont allés bien au-delà de l’Empire romain.
Il est difficile de retracer la foi au cours des années suivantes en raison de la persécution, en grande partie par l’Église catholique romaine qui a tenté de coopter le nom de chrétien pour son propre usage exclusif. L’étude des documents restants révèle l’existence d’un réseau d’églises à travers l’Europe, l’Asie Mineure et l’Afrique du Nord, qui partageaient la même foi et étaient en contact les unes avec les autres. Les historiens catholiques romains ont tenté de les présenter comme des groupes disparates, fondés par un personnage éminent dans chaque région, et les ont accusés de toutes sortes de croyances et de pratiques odieuses. Ils ont tenté de détruire toutes les preuves qui donneraient une image différente, mais il en reste suffisamment pour réfuter leur propagande.
L’évidence historique nous permet de tirer quelques conclusions. Un fait intéressant est la filière celtique. De nos jours, les seuls peuples celtiques identifiables se trouvent en Écosse, Irlande Pays de Galles, et Bretagne. Il y a deux mille ans, des tribus celtes occupaient de vastes régions d’Europe et même d’Asie Mineure. Les Galates étaient des Celtes, apparentés aux Gaulois du sud de la France. La plupart des Celtes n’étaient pas chrétiens, mais il y avait des chrétiens parmi eux et il semble que, dans certains cas, la foi chrétienne ait été transmise d’un lieu à un autre parmi les peuples celtes.
Quoi qu’il en soit, vers l’an 1100, nous apprenons l’existence d’un peuple chrétien dans le sud de la France, appelé albigeois par l’Église catholique. Ils se désignaient eux-mêmes comme le peuple de Dieu et affirmaient avoir une histoire ininterrompue depuis l’époque des apôtres. Ils avaient vécu en paix parmi leurs voisins de l’Église catholique et avaient des liens de parenté avec nombre d’entre eux.À cette époque, les Gaulois celtes s’étaient fondus dans la population générale. Les Albigeois avaient des liens étroits avec les personnes de même confession en Bulgarie, connues sous le nom de Bogomils.
En 1100, le pape avait acquis suffisamment d’ascendant sur les pouvoirs civils pour lancer l’Inquisition, dont le premier objectif était d’éliminer les Albigeois. Quelques années plus tard, il lança la croisade albigeoise pour achever le travail. De nombreux chrétiens ont été massacrés, d’autres ont sans doute trouvé refuge auprès de personnes de même confession dans d’autres régions d’Europe.
Les Vaudois vivaient dans les vallées alpines, non loin des Albigeois. Le nom vaudois provient du mot latin vallenses, vallées denses, et non de Pierre Waldo. Un chercheur qui a essayé de retrouver la famille Waldo à Lyon n’a trouvé aucune trace de quelqu’un portant ce nom avant Pierre. Il a émis l’hypothèse que Pierre avait peut-être quitté la foi vaudoise, fait fortune à Lyon, puis était revenu à la foi après sa conversion.
Des peuples celtes vivaient dans la vallée du Pô qui traverse le nord de l’Italie. Parmi eux, il y avait des anabaptistes et ils vécurent en paix pendant de nombreuses années. Finalement, ils furent contraints de fuir les persécutions de l’Église catholique. Ils passèrent le col du Saint-Gothard pour entrer en Suisse et s’établir dans le canton de Berne. Au fil du temps, l’église vaudoise dans le canton de Berne rassemblait des gens d’ascendance celtique, allemande et française et fut connue sous le nom de Frères suisses. Il semble que ce soit là le lieu le plus probable pour rechercher les origines des mennonites.
Théodore Philippe et Menno Simons ont joué un rôle actif dans le recueillement et la revitalisation des vaudois dispersés par la persécution aux Pays-Bas et, en raison des écrits prolifiques de Menno, ils sont devenus connus sous le nom de menno-nites. Ils étaient pleinement unis dans la foi avec les Frères suisses, qui ont fini, eux aussi, par être connus comme des mennonites. Cela ne signifie pas que les Suisses ont obtenu leur foi des mennonites des Pays-Bas, mais simplement que leurs persécuteurs les ont appelés par le nom de l’homme qu’ils considéraient être la plus grande menace aux enseignements de l’Église catholique.
Les premiers mennonites à venir en Amérique du Nord étaient des Suisses qui avaient été chassés de Suisse par les persécutions et s’étaient installés en Pennsylvanie ver la fin du 17e siècle. Leur premier ancien fut Henry Funk, qui écrivit quelques livres exposant l’ancienne foi et fit partie du groupe qui fit traduire le Miroir des Martyrs du néerlandais à l’allemand et le publia aux États-Unis. Un autre leader notable fut Benjamin Eby, qui quitta la Pennsylvanie pour s’installer dans l’Ontario, au Canada, avec un grand groupe de mennonites vers 1800. En 1841, il écrivit une brochure sur l’origine et doctrine des mennonites dans laquelle il affirme que les mennonites descendaient des vaudois. Le nom Eby indiquerait une origine celtique. Benjamin Eby a œuvré parmi les mennonites de l’Ontario pour maintenir la vitalité et l’unité de la foi. Un certain nombre de personnes d’autres origines ethniques se joignirent aux mennonites pendant qu’il était ancien. Il mourut en 1849.
Un autre mennonite d’origine suisse, Jean Holdeman, fut déçu par le déclin de la vie spirituelle dans l’Église mennonite aux États-Unis et en 1859 commença à organiser des cultes séparés. Son but n’était pas de commencer quelque chose de nouveau, mais de revenir à l’ancien fondement de la foi anabaptiste-mennonite. Ce groupuscule de 1859 est devenu l’Église de Dieu en Christ, mennonite, avec des assemblées ou des missionnaires dans plus de 40 pays.
