« D’après ce qui a déjà été dit, il est évident que Saint Paul n’a pas été missionnaire simplement pour convertir des individus : il est allé fonder des églises à partir desquelles la lumière pourrait rayonner dans tout le pays. Le secret de la réussite de ce travail réside dans le fait de commencer dès le début. Si l’on apprend aux premiers convertis à dépendre du missionnaire, si tout le travail, qu’il soit évangélique, éducatif ou social, est concentré entre ses mains, la jeune communauté apprend à se reposer passivement sur l’homme qui lui a donné son premier aperçu de l’Évangile. Leur foi, n’ayant pas de sphère pour sa croissance et son développement, reste endormie. Une tradition se développe très rapidement selon laquelle rien ne peut être fait sans l’autorité et la direction du missionnaire, les gens attendent qu’il agisse, et plus ils le font, plus ils deviennent incapables d’agir de manière indépendante. C’est ainsi que le missionnaire prend l’habitude de concentrer toute l’autorité entre ses mains et de mépriser les pouvoirs de son peuple, jusqu’à ce qu’il fasse de leur inactivité une excuse pour nier leurs capacités. On a commis l’erreur fatale d’enseigner aux convertis à s’appuyer sur la mauvaise source de pouvoir. Au lieu de la chercher dans l’action du Saint-Esprit en eux-mêmes, ils la cherchent dans le missionnaire. Ils le mettent à la place de Christ et dépendent de lui. »
Roland Allen, 1868-1947, Missionary Methods : St. Paul’s or Ours? (Méthodes missionnaires : Celles de Saint-Paul ou les nôtres?) Page 81
