Lisez donc la Bible, n’apprenez pas à moitié, laissez chaque chose à sa place. C’est la Bible qui vous convaincra. Elle vous dira si cela vient de Dieu. Et quand vous y aurez entendu une voix, tantôt plus puissante que le bruit des grandes eaux, tantôt douce et tranquille comme la voix qui tomba sur l’oreille d’Élie : «L’Éternel, miséricordieux et compatissant, et Dieu qui est miséricordieux, lent à la colère, abondante en miséricorde, le Dieu de toute consolation, le Dieu qui pardonne tant et plus!»… ah! alors, nous osons vous dire d’avance que la simple lecture d’un psaume, d’une histoire, d’un précepte, d’un verset, d’un mot dans un verset, vous attestera bientôt l’inspiration divine de toutes les Écritures plus puissamment que les raisonnements les plus solides des savants ou des livres.
Vous verrez alors, vous saurez par expérience que Dieu est partout dans les Écritures. Vous ne leur demanderez plus si elles sont inspirées, car vous sentirez qu’elles sondent rapidement et puissamment les pensées et les désirs du cœur, qu’elles sont plus tranchantes qu’une épée à deux tranchants, qu’elles percent jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit. Elles font couler vos larmes d’une source profonde et inconnue, vous renversent avec une force irrésistible et vous relèvent avec une tendresse et une sympathie que l’on ne trouve qu’en Dieu.
Ah! ce n’est encore qu’un simple conseil; mais nous allons montrer en quoi ces considérations peuvent être présentées comme une forte présomption en faveur de l’inspiration des paroles mêmes de l’Écriture. Une des plus fortes preuves de l’autorité divine des Écritures, c’est leur majesté qui nous remplit de respect et d’admiration. C’est l’unité imposante de ce livre, dont la composition s’étend sur 1500 ans, et qui a eu tant d’auteurs, qui tous cependant poursuivent un seul et même plan, avançant sans cesse, comme s’ils s’étaient tous compris, vers une seule et grande fin, l’histoire de la rédemption du monde par le fils de Dieu.
C’est cette vaste harmonie de toutes les Écritures, cet Ancien Testament rempli de Jésus-Christ, ainsi que le Nouveau, à la première page, la terre créée pour l’accueil de l’homme sans péché; aux pages suivantes, la terre maudite pour l’accueil de l’homme qui ne cessera jamais de pécher; à la dernière page une nouvelle terre pour l’accueil de l’homme qui ne péchera plus jamais! Sur la première page, l’arbre de vie interdit, le paradis perdu, le péché entré dans le monde par le premier Adam, et la mort par le péché. À la dernière page, le paradis retrouvé, la vie qui entre à nouveau dans le monde par le second Adam, la mort vaincue, le chagrin banni, l’image de Dieu restaurée en eux, et l’arbre de vie au milieu du paradis de Dieu.
Il y a assurément dans cet ensemble majestueux, commencé avant que les hommes n’existent et continué jusqu’à la fin des temps, une unité puissante et toute céleste, dont la grandeur dépasse toutes nos conceptions humaines et proclame la gloire divine de son auteur. Non moins glorieuse est la perfection divine de la plus petite partie, l’inspiration verbale du verset individuel et du mot unique.
Si vous consultez des ministres qui ont passé toute leur vie à méditer sur les Écritures, cherchant à nourrir le troupeau du Seigneur, ils vous diront que plus ils se sont consacrés à cette étude bénie des articles de Dieu, plus leur admiration de la lettre de cette Parole s’est accrue. Ils ont trouvé dans les expressions les plus infimes des exemples de la prévoyance divine et de la grandeur spirituelle révélée par le seul fait d’une traduction plus exacte, ou de l’attention de l’esprit plus longtemps dirigée vers un seul verset. Ils vous diront que l’homme de Dieu, qui garde près des yeux de son âme quelque texte de ce livre saint, adopte bientôt le langage du naturaliste qui, contraint par l’étude microscopique d’une seule feuille, s’exclame : «Celui qui a fait la forêt a fait la feuille». Et celui qui a fait la Bible a aussi fait ses versets!
Ceux qui ont étudié les grandes prophéties de l’Écriture sainte ont découvert que dans ces pages miraculeuses, chaque verset, chaque mot sans exception, jusqu’à la particule apparemment insignifiante, a dû être garanti par Dieu. La moindre altération dans un verbe, dans un adverbe, ou même dans la conjonction la plus simple, peut conduire un interprète à l’erreur la plus grave.
Mais surtout, l’inspiration divine des Saintes Écritures, même dans leurs moindres parties, est attestée par les chrétiens qui ont expérimenté leur puissance, d’abord dans leur conversion, puis dans les conflits qui ont suivi. Leur témoignage est unanime. Lorsque l’Écriture sainte, dominant leur conscience, les a fait s’abaisser au pied de la croix et leur a révélé l’amour de Dieu, ce qui les a saisis, ce n’est pas la Bible dans son ensemble, ce n’est pas un chapitre, c’est un verset, c’est une parole qui est comme la pointe d’une épée, vécue par la main même de Dieu. C’était une influence d’en haut, concentrée dans un seul mot, qui le rendait pour eux comme un feu, dit le Seigneur, et c’est un marteau qui brise la pierre. Au moment où ils en avaient besoin, cette parole s’est emparée de leur conscience avec une force inconnue, irrésistible. Ce n’était qu’une parole, mais cette parole venait de Dieu, et ils savaient que c’était l’appel du Seigneur Jésus-Christ.
Tel a été, à toutes les époques, le témoignage du peuple du Seigneur. L’inspiration que la Bible revendique pour elle-même, ont-ils dit, nous l’avons nous-mêmes expérimentée. Nous y croyons, sans aucun doute, parce qu’elle l’atteste; mais nous y croyons aussi parce que nous l’avons vue et parce que nous pouvons nous-mêmes lui rendre le témoignage d’une expérience bénie.
La Sainte Écriture est donc de Dieu, elle est partout de Dieu, et partout elle est entièrement de Dieu.
Louis Gaussen, (1790-1863), de Genève
