Dans son livre, Bringing up Bébé, Pamela Druckerman, une Américaine mariée à un Britannique, raconte comment elle a élevé ses enfants à Paris. Elle a découvert que les méthodes parentales françaises sont très différentes de celles qu’elle avait acceptées comme normales lorsqu’elle vivait aux États-Unis. Le plus surprenant, c’est que les méthodes françaises fonctionnent beaucoup mieux!
Un épisode qu’elle raconte, et je le raconte de mémoire donc ce n’est pas mot pour mot comme dans le livre, c’est d’aller dans un parc avec son garçon de deux ans et de rencontrer une mère française avec un enfant d’un âge similaire. Le petit garçon de Pamela Druckerman n’arrêtait pas de courir pour explorer et ignorait ses appels à revenir. Après l’avoir ragardé courir après le garçon plusieurs fois pour le ramener, la mère française lui fait remarquer : «Il faut le dire avec plus d’autorité.» Le garçon est bientot reparti, Pamela Druckerman l’a appelé d’une voix qu’elle jugeait plus autoritaire, et il a continué à se distancer. Après qu’elle l’a ramené encore, la mère française a dit : «Il te faut croire que tu as l’autorité.» Le garçon est reparti en trottinant et Mme Druckerman a puisé au plus profond d’elle-même et a trouvé une voix qu’elle n’avait jamais utilisée auparavant. Le garçon s’est arrêté, a regardé sa mère, puis est revenu vers elle.
Je pense que ce petit épisode illustre parfaitement le problème qu’arrive souvent dans de nombreux foyers nord-américains : les parents ne croient pas avoir l’autorité nécessaire pour éduquer leurs enfants. Dans sa forme extrême, cela peut conduire à des incidents comme celui que ma femme a observé dans un café il y a quelques années. Une mère est entrée avec sa petite fille pour commander un café et des pâtisseries à emporter. En entrant, la mère a vu une amie assise à une table et s’est arrêtée brièvement pour la saluer. Puis, elle a demandé à sa petite fille : «Maman peut-elle s’asseoir et parler avec son amie?» La petite fille a répondu : «Non!» La maman a essayé d’expliquer qu’elle voulait parler à son amie et a reposé la question. La réponse était toujours «Non.» La maman a donc acheté son café et les friandises que la petite fille voulait, puis elles sont parties.
De tels parents ne semblent pas comprendre le désastre qui s’annonce lorsque la petite princesse se lance seule dans le monde et que celui-ci ne se plie pas à ses caprices.
Une autre faiblesse que je constate dans certains foyers est l’idée qu’un parent a fait tout ce qu’il devait faire lorsqu’il dit à un enfant de faire quelque chose, sans aucun suivi pour vérifier si l’enfant a compris ce qu’il était censé faire et comment le faire. L’enfant est ensuite blâmé lorsqu’il n’accomplit pas ce qu’on lui a demandé de faire.
Dans l’entreprise manufacturière où je travaillais, le directeur de l’ingénierie avait une affiche sur son mur qui disait :
Dites-moi, j’oublierai.
Montrez-moi, je me souviendrai.
Travaillez avec moi, je comprendrai.
Cela s’applique également à la relation parent-enfant.
