En parlant des Pauliciens et des Bogoumiles, E. H. Broadbent écrivit :
Si l’on cherche à connaître l’histoire de ces églises par les extraits tirés des écrits de leurs ennemis, on observe que le style insultant de ces ouvrages est d’une violence qui touche à la folie. On ne saurait donc fonder sur cette lecture des accusations dignes de foi. D’autre part, toute admission de quelque bien incontestable est fortement amoindrie par l’attribution de motifs impurs ; elle est faite de mauvaise grâce. On ne peut accepter l’accusation réitérée de manichéisme, étant donné que les accusés ne cessèrent de la repousser. En outre, ils enseignèrent constamment les doctrines scripturaires contraires au manichéisme et souffrent beaucoup pour les maintenir. Leur soi-disant profession de manichéisme ne s’accorde guère avec le fait reconnu qu’ils possédaient, au moins en grande partie, les Écritures dans toute leur pureté et qu’ils les étudiaient. La doctrine de Mani ne pouvait être suivie que par ceux qui rejetaient les Écritures, ou les falsifiaient. Les récits se rapportant à leur conduite inique sont en flagrante contradiction avec leur réputation d’être très pieuse, menant une vie morale supérieur à celle des gens de leur entourage. On ne saurait non plus raisonnablement conclure que leur bonne conduite n’était que de l’hypocrisie. Le caractère des rapports volumineux de leurs ennemis, contrastant avec les quelques rares écrits qui nous sommes parvenus de ces chrétiens, amènent le lecteur impartial à rejeter sans hésitation la légende de manichéisme et d’une conduite immorale. On en vient à reconnaître dans ces églises persécutées des rachetés du Seigneur qui maintinrent avec une foi et un courage indomptables le témoignage de Jésus-Christ.
Extrait de L’Église ignorée, traduction française publiée par Éditions Impact, Cap-de-la-Madeleine, Québec.