Priscillien était un Espagnol riche et éloquent du quatrième siècle. Il se convertit à Christ, fut baptisé et commença une vie nouvelle de consécration à Dieu et de séparation du monde. Il devint un étudiant enthousiaste et un ami des Écritures., vécut en ascète, espérant arriver à une communion plus étroite avec Christ. Bien que laïque, il prêcha et enseigna avec zèle. Il organisa des conventicules et des réunions, dans le but de faire de la religion une réalité qui transforme le caractère. Un nombre considérable de personnes se joignirent au mouvement. Priscillien fut élu évêque d’Avila. Mais il ne tarda pas à se heurter à l’hostilité d’une partie du clergé espagnol.
L’évêque Hydatius, métropolite de Lusitanie, se mit àla tête de l’opposition, et, à un synode tenu en 380 à Sargosse, l’accusa d’hérésie manichéenne et gnostique. L’affaire n’a pas d’abord de succès, mais des nécessités politiques pouuèrent l’empereur Maxime, qui avait assassiné Gratien et usurpé sa place, à rechercher l’aide du clergé espagnol. Alors, dans un synode tenu à Bordeaux (384) l’évêque Ithaque de mauvaise réputation, chargea Priscillien et les « Prsicillienistes » de sorcellerie et d’immoralité. Les accusés furent conduits à Trèves, condamnés par l’Église et remis aux mains du pouvoir civil pour être exécutés (385). les éminents évêques, Martin de Tours et Ambroise de Milan, protestèrent en vain contre ce procès. Priscillien et six autres furent décapités, entre autres une femme distinguée, Eucchrotie, veuve d’un poète et orateur bien connu. Ce fut la première fois que des chrétiens furent mis à mort par l’Église, mais non la dernière, hélas.
Des cas semblables devinrent fréquents, Martin et Ambroise refusèrent ensuite d’avoir aucun rapport avec Hydatius et les autres évêques responsables de ce crime. Quand l’empereur Maxime tomba, les cruelles tortures et le meurtre de ces nobles croyants furent relatés avec horreur et Ithaque fut destitué. Le corps de Priscillien et de ses compagnons furent ramenés en Espagne et on les honora comme martyres, néanmoins, un synode convoqué à Trêves approuva ces exécutions, leur donnant ainsi la sanction officielle de l’Église romaine. Confirmation en fut fait n176 ans plus tard, au Synode de Braga, en sorte que l’É.glise dominante, non seulement persécuta les « Priscillienistes », mais encore transmit à l’histoire la déclaration que Priscillien et ses adeptes avaient été punis à cause de leurs vues manichéennes et gnostiques et l’impureté de leurs vies. Depuis des siècles, ce jugement mensongère continue à être généralement accepté.
-excerpté de L’Église Ignoré, traduction française de The Pilgrim Church par E. H. Broadbent.