Admonition et avertissement des conditions, touchant le salut assuré et aussi la condamnation, envoyée pour une salutation et aussi pour une signe de charité et d’amour chrétienne, pour la fortification de les sages et vertueux, pour l’instruction des simples ou ignorants, et pour une alarme et un effroi aux plus justes et sages. À mes bien aimés au Seigneur, par celui qui est ami de votre âme, Henry Alevin, pris à Middlebourg pour le témoignage de Jésus, le 18 août, l’an 1568.
Touchant d’avoir certainement et assurément salut pa Jésus-Christ : et toutefois non point tout un chacun qui le pense, l’espère, ou s’en glorifie. Qu’on y prenne bien garde, afin que nul de s’en trompe ou laisse abuser par des vaines paroles : car les promesses de Dieu sont faites sous condition ; non point sur l’incrédulité, mais sur la foi ; non sur le vice, mais sur le vertu. Ainsi, dis-je, est promis le salut de Dieu par grâce, sans nos mérites, ni que l’ayant desservi.
En premier lieu considérez et entendez les claires paroles de notre Seigneur Jésus-Christ, disant : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24). Aussi : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3,16). Et : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !… Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous » Matthieu 5.3, 11-12).
Écoutez encore, touchant la promesse de salut conditionnelle : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.15-16). Jésus répondit aussi à la femme qui lui disait : « Heureux le sein qui t’a porté ! heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! » Mais il dit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11.17-18).
La conclusion est : « Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. » (Jean 13.17) et « Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas agi selon sa volonté, sera battu d’un grand nombre de coups » (Luc 12.47). Ô sentence épouvantable ! Ainsi sonnent et accordent las paroles et sentences de tous les saints et fidèles Apôtres, comme nous voyons en St Paul, disant : « Car Christ est la fin de la loi, pour la justification de tous ceux qui croient » (Romains 10.4). Aussi : « Vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils, qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir » (1 Thessaloniciens 1.9-10). Et St Pierre dit : « Lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise » (2 Pierre 1.4). St Jean dit : « Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5.12). On peut encore voir plus amplement de ce salut sous condition Jean 1.11,12 et 5.25. Matthieu 24 et 19.28 ; Romains 8.10 ; 2 Timothée 2.11 ; 2 Pierre 1.1 ; Hébreux 5.8.9 et 10.22 ; Apocalypse 2.4, 3.5, 19.4,8, 20.6 et 21.14, « Car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance » (1 Corinthiens 4.20). Considérez bien cela.
Au contraire, voyons ceux auxquels Christ ne profite rien. C’est à dire : de la condamnation certaine et assurée, et de ceux auxquels le royaume de Dieu est refusé. En premier lieu, Jésus-Christ montre clairement cela, disant : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ?… Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matthieu 7.21-23). Voir : « Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25.41).
À ceci s’accorde encore ce que Jésus-Christ dit : « Si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux (Matthieu 5.20). « Quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges » (Marc 8.38). Aussi : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse » (Matthieu 12.30). Aussi : « Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matthieu 18.3). Aussi : « Celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16.16). Aussi : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau,… d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu… Celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui »)Jean 3.3,5 & 36). « Si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8.14).
Ici voit-on l’éternelle sentence de Jésus-Christ sur ceux qui ne se convertiront. À ceci s’accordent aussi les sentences des Apôtres, comme quand St Paul dit : « Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres ; réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité ; mais l’irritation et la colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à l’injustice. Tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal » (Romains 2.6-9. Aussi : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez » (Romains 8.13) ; « Et l’affection de la chair, c’est la mort… car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu… Or ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu » (Romains 8.6-8). Aussi : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6.9-10).
Ô mes amis ! « Quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu ? Et si le juste se sauve avec peine, que deviendront l’impie et le pécheur ? » (1 Pierre 4.17-18).