Où et qui est ce monde, lequel a toujours haï les fidèles et ceux qui craignent Dieu. Aussi de la méchanceté du monde. Et comment le peuple de Dieu a toujours été un peuple élu entre toutes les autres.
Il nous faut en premier lieu considérer et entendre l’occasion seule et commune, (vu qu’elle est la mère de toute envie) par laquelle les méchants ont toujours haï, rejeté, calomnié, oppressé et persécuté jusques à la mort les vertueux et ceux qui craignaient Dieu, dès le commencement du monde et il en sera ainsi jusqu’à la fin. C’est à savoir, la vertu, et vie vertueuse, ou sainte manière de vivre des fidèles au service de Dieu, et à la répréhension et correction de la vie inique du monde. De quoi nous avons exemple en Jésus-Christ et Jean-Baptiste, Étienne et plusieurs autres.
Car le monde a haï, persécuté et mis à mort Jésus-Christ, pour ce qu’il rendait témoignage que leurs œuvres étaient mauvaises. Et maintenant que la lumière soit venue et aie luit dans le monde, toutefois il ne l’a point connu, mais ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, voir le monde ne connaît Dieu, ni les siens.
Et néanmoins il n’a point encore honte de dire qu’il connaît Dieu, en le niant par œuvre, étant abominables et rebelles et réprouvés à tout bon œuvre. Tellement que les méchants et iniques se disent et vantent être ce qu’ils n’ont point, à savoir, enfants d’Abraham et toutefois ils sont enfants du diable, d’être apôtres de Christ et vrais Juifs ou Israélites, et ils font l’école de Satan ; s’estimant être sages, ils sont fous et rejetés.
Par conséquent il est bien nécessaire d’éprouver tous les esprits (qui se vantent et glorifient tant) s’ils sont de Dieu. Or pour connaître l’esprit de vérité et celui d’erreur, lisez 1 Jean s.10. Car sous le nom, titre ou renommé de Dieu et sous ce faux semblant et apparence, les méchants oppriment et molestent coutumièrement les bons et vertueux, comme il en est advenu entre Caïn et Abel, qui sacrifiaient tous deux à Dieu, mais pourquoi tua Caïn son frère Abel ? Si on lit en l’Écriture Sainte, on trouvera que c’était pour autant que ses œuvres étaient mauvaises et ceux de son frère Abel justes. Aussi ce monde, pourquoi haït-il les enfants de Dieu ? C’est parce qu’ils sont élus du monde et ne sont plus du monde. Car s’ils en étaient encore, le monde les aimerait.
Aussi, parce qu’ils ont la Parole de Dieu et qu’ils désirent vivre saintement en Jésus-Christ et non pas comme las païens ; parce qu’ils espèrent vivement et fermement en Dieu vivant et non en vain légèrement ou variablement, comme le monde. Or notez donc, que cela n’est point servir à une idole morte. Davantage, le monde estime communément que la tyrannie et cruauté qu’ils exercent sur les saints font un service agréable à Dieu, et cependant ils sont aveugles et ne savaient point ce qu’ils font. Car ils haïssent toujours les saints durant leur vie.
Et après le mort de ceux qu’ils ont tués, ils les louent, complaignent et ornent leurs sépulcres, témoignant qu’ils ont été mis à mort innocemment. Ainsi que font même les tyrans d’aujourd’hui, comme s’ils étaient meilleurs que leurs prédécesseurs, exerçant néanmoins une même cruauté et tyrannie contre les saints et fidèles, et ainsi remplissant la mesure de leurs pères, qui ont aussi fait le semblable. Car aussitôt que ce séducteur (ainsi nommaient-ils Jésus-Christ) eut rendu l’esprit, on l’estima et l’appela le fils de Dieu.
Ô monde, monde ! Vous êtes voire une même sorte de monde : car vous confessez souvent que si ceux-là qui ont été martyrisés et mis à mort depuis vingt ou trente ans, pour choses de petite importance, touchant la foi, étaient encore vivants que vous ne voudriez point être coupables de leur sang. En somme, vous êtes ce méchant monde qui met encore à mort comme a été les fidèles qui craignaient Dieu.