Il y avait une époque où la plupart des Canadiens fréquentaient une église qui enseignait les valeurs chrétiennes et ils prétendaient gouverner leurs vies par ces valeurs. Dans de telles circonstances, les gouvernements ont jugé opportun de se plier aux principes chrétiens et de légiférer en conséquence.
Les temps ont changé. Un sondage réalisé il y a plusieurs années a révélé que 16 % des Canadiens fréquentaient une église chaque semaine et que seulement 5 % d’entre nous lisaient la Bible quotidiennement. 55 % n’ont jamais ouvert une Bible et lu quelques mots.
Les quelques personnes qui toujours lisent, croient et s’efforcent de vivre selon la Bible sont laissées dans le désarroi par ce déplacement du sol sous nos pieds. C’est la faute du gouvernement, disons-nous. C’était naguère un pays chrétien, mais on n’en a plus cette impression.
Nous évitons la réalité lorsque nous disons de telles choses. Le gouvernement n’a pas créé la situation dans laquelle nous nous trouvons et n’a aucune possibilité d’y remédier. Le militantisme politique est un piège pour le chrétien, un moyen de nous divertir dans une activité infructueuse pendant que le monde qui nous entoure poursuit sa dérive.
Un autre danger pour les chrétiens est de se séparer des troubles du monde et de se concentrer pour être prêts pour le retour de notre Seigneur. Mais c’est justement cette attitude égocentrique qui a permis à la société dans laquelle nous vivons de dériver dans sa situation actuelle.
En tant que chrétiens, nous avons une responsabilité envers nos concitoyens. Jésus a dit que nous sommes le sel de la terre. Il parlait du sel en tant qu’agent de conservation, le seul moyen disponible à l’époque pour empêcher les aliments de se pourrir. À quoi sert le sel s’il est déposé en de petits tas sans aucun contact avec ce qu’il est censé conserver?
Il a également dit que nous étions la lumière du monde et nous a avertis de ne pas cacher notre lumière sous un boisseau. Si nous ne pouvons pas parler de notre foi chrétienne dans des termes qui sont facilement compris par d’autres, ne cache-t-on pas notre lumière sous un boisseau? Pire, encore de penser que nous n’avons rien à dire, les gens nous observeront et seront attirés vers notre foi. Vraiment? Quand on ne sait même pas comment articuler cette foi?
Lorsque le peuple de Dieu fut emmené captif à Babylone, le Saint-Esprit inspira à Jérémie de leur demander de « Recherchez le bien de la ville où je vous ai menés en captivité, et priez l’Eternel en sa faveur, parce que votre bonheur dépend du sien. »
Paul a dit à Timothée : « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur,qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. »
Pouvons-nous dire que nous aimons Dieu de tout notre être et notre prochain comme nous-mêmes si nous décidons que la meilleure chose à faire est de vivre dans la paix et la tranquillité et de laisser le monde s’engager joyeusement dans sa ruée vers la destruction?
Ce n’était pas la façon de penser des premiers chrétiens ni des martyrs anabaptistes que nous appelons nos ancêtres. Il n’y a pas de pays chrétien. Une telle chose n’a jamais été. Il y avait eu des chrétiens. Est-ce qu’ils existent encore aujourd’hui? Nos voisins savent-ils quelque chose à leur sujet?