Jusqu’à la fin du Moyen Âge, il était évident aux vrais chrétiens (souvent appelés anabaptistes) que l’Église de Rome était l’Antéchrist prédit par les apôtres. Au seizième siècle, Menno Simons l’a rendu très explicite. Voici quelques-unes des références à l’Antéchrist dans ses écrits.
Puisque Christ a ordonné que les croyants soient baptisés, et non les enfants, et que les saints apôtres aient enseigné et pratiqué ainsi, conformément aux instructions et aux commandements de Christ, comme on peut le voir en de nombreux endroits du Nouveau Testament, tous les hommes à l’esprit raisonnable doivent admettre que le baptême des enfants, bien qu’il soit hélas ! pratiqué par la quasi-totalité du monde et maintenu par la tyrannie, n’est rien d’autre qu’une cérémonie de l’Antéchrist, un blasphème ouvert, un péché enchanteur, un veau en fonte, oui, une abomination et une idolâtrie.
En plus de cela, l’usage de la coupe est refusé au peuple dans l’Église romaine. Si c’était la Cène du Seigneur, comme ils le prétendent, ils l’utiliseraient à tous égards selon l’ordonnance du Seigneur. Mais cette coutume montre que ce n’est pas la Cène de Christ, mais une séduction de l’Antéchrist.
En bref, ils prêchent et placent devant les pauvres gens le mensonge pour la vérité, les ténèbres pour la lumière, la mort pour la vie, et l’Antéchrist pour Christ.
Voici, messieurs, amis et frères bien-aimés, nous déclarons ouvertement que l’envoi et l’appel de vos prédicateurs ne sont ni de Dieu ni de sa parole, mais qu’ils viennent d’Antichrist, du dragon et de la bête ; qu’ils ne sont pas appelés à prêcher la parole du Seigneur, par l’Esprit de Dieu et de l’Église, mais qu’ils sont appelés et attirés par leurs convoitises avec les prêtres de Jéroboam, pour adorer le veau d’or, 2 Chron. 13 : 8, 9.
L’Antéchrist règne par l’hypocrisie et le mensonge, avec la puissance et l’épée ; mais le Christ règne patiemment par sa parole et son esprit.
Après la Réforme, les églises protestantes ont repris ce refrain, même si elles continuaient à pratiquer de nombreuses caractéristiques de l’Antéchrist. Elles baptisaient les bébés, prétendaient que le salut était administré par le biais des sacrements et utilisaient l’épée des autorités séculières pour attaquer tous ceux qui ne se conformaient pas à leurs enseignements.
Finalement, l’Église catholique romaine a senti qu’elle devait faire quelque chose. Avec l’avènement de la presse à imprimer, elle ne pouvait plus cacher les Écritures au peuple. Les Jésuites, maîtres du sophisme et de la désinformation, viennent à la rescousse.
Le premier fut Francisco Ribera, un jésuite espagnol, qui publia un commentaire sur le livre de l’Apocalypse en 1590. Il proposait une nouvelle interprétation de l’Apocalypse, affirmant que la première partie s’appliquait à l’ancienne Rome païenne, et que le reste faisait référence à une période future de 3 ½ ans, immédiatement avant la seconde venue. Pendant ces 3 ½ ans, l’Antéchrist, un individu unique, apparaîtrait. Il persécuterait les saints de Dieu, reconstruirait le temple de Jérusalem, renierait Jésus-Christ, prétendrait être Dieu et conquerrait le monde. Immédiatement après, le Christ reviendrait pour juger le monde.
D’autres jésuites ont ajouté à cette ligne de pensée, le plus influent étant Manuel de Lacunza, dont le livre, The Coming of the Messiah in Majesty and Glory (La venue du Messie en majesté et en gloire) a été publié en espagnol en 1810, sous la plume de Juan Josafat Ben-Ezra. Il différait de l’interprétation de Ribera en ce qu’après les 3 ½ ans de tribulation, le Christ reviendrait et gouvernerait depuis Jérusalem pendant 1 000 ans, puis le Jugement viendrait.
Edward Irvine, un ministre presbytérien, a découvert le livre de Lacunza et l’a traduit en anglais. Le livre parut en 1827 et les prédications d’Irvine commencèrent à être principalement axées sur cet enseignement millénaire. Il est excommunié en 1830 et une nouvelle dénomination se forme, l’Église catholique apostolique. En 1830, Margaret Macdonald, une jeune Écossaise de 15 ans faisant partie de la congrégation d’Irvine, eut des visions selon lesquelles un enlèvement secret de l’Église se produirait avant l’apparition de l’Antchrist. Irvine accepta cette vision comme une révélation divine et ajouta ce nouvel élément à son enseignement millénaire.
John Nelson Darby a d’abord été avocat, puis membre du clergé de l’Église d’Angleterre et, plus tard, la figure la plus importante du mouvement des Frères de Plymouth. Il assistait régulièrement aux conférences de prophétie qui ont débuté à Powerscourt, en Irlande, en 1830. C’est là qu’il a été exposé aux enseignements d’Irvine, qu’il a entendu parler des prétendues visions de Mlle Macdonald et qu’il est allé les entendre chez elle, à Port Glasgow, en Écosse.
Darby a ajouté l’enseignement dispensational au mélange, disant que Dieu a offert le salut à l’homme de six manières différentes dans six dispensations, qui ont toutes échoué. La septième et dernière sera le royaume millénaire de Christ. Darby popularise cette doctrine prémillénaire pré-tribulation dispensational par le biais de nombreux écrits et prédications. C.I. Scofield a appris cette doctrine de Darby et lui a donné une impulsion majeure en Amérique du Nord avec sa Scofield Reference Bible. Lewis Sperry Chafer a appris la doctrine de Scofield et a ensuite fondé le Dallas Theological Seminary en 1924, dont sont sortis de nombreux enseignants de la prophétie bien connus.
Chafer a enseigné pendant de nombreuses années que Benito Mussolini était l’Antéchrist et qu’il établirait un nouvel Empire romain qui conduirait à la Grande Tribulation. Il y a eu de nombreuses autres tentatives ratées d’identifier un personnage bien connu comme étant l’Antischrist. Malgré cela, la doctrine a maintenant tellement imprégné le christianisme évangélique que la remettre en question semble presque une hérésie.
A reblogué ceci sur Missionnaire anabaptiste.
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