Contrairement donc à ce qu’enseignent certaines sectes, l’autorité des pouvoirs publics est légitime, nécessaire à la vie de la société, indispensable pour y assurer l’ordre et la paix; mais ceux qui l’exercent auront à rendre compte à Dieu de la manière dont ils l’auront exercée. Le chrétien peut donc se soumettre en toute conscience à ces autorités et rendre à chacune d’elles ce qui lui revient, selon l’ordre du Seigneur, confirmé par les apôtres (Marc 12.17; Romains 13.7; 1 Pierre 2.17). Nous n’avons pas à craindre les autorités, mais bien plutôt Dieu, qui est au-dessus d’elles, et à qui nous aussi nous rendrons compte de la façon dont nous nous serons soumis (Romains 13.3-5 et Luc 12.4-5).
Notre position au sujet de l’usage du serment nous est dictée par la Parole de Dieu acceptée d’un cœur simple, comme des enfants; il en est de même en ce qui concerne la magistrature: de tous temps les Anabaptistes et les Mennonites ont été connus comme se refusant de se revêtir une fonction publique, une charge de magistrat… Pourquoi cette attitude?
C’est que l’exercice de la magistrature, l’administration d’une commune, d’un département, d’un État se font sur un tout autre plan que celui de l’Église et avec des moyens tout différents de ceux de l’Évangile; le chrétien qui accepte un tel poste se trouve bien vite en difficulté devant des problèmes de conscience.
C’est encore bien plus vrai en ce qui concerne la préparation et la participation à la guerre. La défense nationale part des principes qui ne sont pas nécessairement chrétiens. En effet, la notion de pérennité d’une nation, de « la France éternelle » par exemple,n’est pas une affirmation biblique, mais purement humaine, et le chrétien, quoique citoyen de sa nation, doit toujours se conduire en citoyen des cieux; la patrie terrestre disparaîtra, mais la Royaume de Dieu s’établira et subsistera à jamais. La solidarité nationale ne doit donc pas obliger le chrétien à agir contre sa conscience ni en désaccord avec la Parole de Dieu.
-Pierre Widmer, 1966