[Cette œuvre était trouvée dans un recueil fait à l’an 1120 de sermons et d’enseignements des barbes. Il fut écrit donc avant le temps de Pierre de Vaux, mais plutôt autour de l’ère de Pierre de Bruys qui enseignait à Languedoc et qui a été brûlé vif à St-Gilles. Il est possible que Pierre de Bruys ait été l’auteur de cet ouvrage. Il était un ancien prêtre catholique Romain et l’article décrit en détail les raisons pour lesquelles l’auteur a quitté cette église. Le document fut écrit dans un vieux français dont j’ai essayé de mettre en français courant sans perdre la saveur.]
Antéchrist est un fausseté digne de damnation éternel, couvert d’un espèce de vérité et de justice et de Christ et de son épouse, contraire à la voie de vérité, de justice, de foi, d’espérance, de charité et à la vie morale, et à la véritable ministère de l’église, administré par les faux apôtres et défendu obstinément de l’un et de l’autre bras [de la pouvoir séculier ou ecclésiastique]. On peut dire qu’il cache la vérité du salut par de choses substantielles et ministérielles, ou qu’il est frauduleusement contraire à Christ et de son épouse et à chaque membre fidèle. Cet ennemi n’est une personne spéciale ordonné à un degré, ou office, ou ministère en le regardant universellement, mais c’est le fausseté lui-même, contraire à la vérité, se couvrant et s’ornent d’un semblance de beauté et de piété non convenable à l’église de Christ, aimant des noms des offices, des écritures, des sacrements et de maintes autre choses. L’iniquité de cette manière avec les ministres majors et mineurs, comme ceux qui les suivent, avec un cœur malsain et aveugle, une telle congrégation est proprement appelée Antéchrist, ou Babylone, ou le quatrième bête, ou la prostitué, ou l’homme de péché, le fils de perdition.
Ses ministres sont appelés de faux prophètes, maîtres mensongères, ministres des ténèbres, esprits d’erreur, la prostituée de l’Apocalypse, la mère de fornication, les nués sans eau, arbres morts et déracinés, vagues furieuses de la mer, astres errants, Balaamites et Égyptiens.
Il est appelé Antéchrist, parce que, couvert et orné de l’apparence de Christ, de l’Eglise et de ses fidèles membres, il s’oppose au salut opéré par Christ, et administré véritablement dans l’Église de Christ, et qu’il se place au rang des fidèles par la foi, par l’espérance et par la charité : à ces divers égards, il se montre contraire par une sagesse mondaine, par de fausses religions et par une bonté feinte, par le pouvoir écclésiastique, par la tyrannie séculière, par les richesses, par l’honneur des dignités, par les délices et par les plaisirs mondains. Il s’oppose à Christ par ces moyens.
C’est pourquoi que chacun sache que l’Antéchrist ne peut pas paraître en aucune manière, sinon lorsque les choses qu’on vient de nommer seront réunies ensemble pour former un parfait hypocrite et un parfait mensonge, c’est-à-dire lorsque les sages du monde, les hommes religieux, les pharisiens, les ministres, les docteurs, la puissance séculière, avec le peuple, seront réunis. Alors ils formeront ensemble l’homme de péché et d’erreur entier.
Car, au temps des apôtres, c’est une vérité que l’Antéchrist était déjà conçu, mais parce que, n’étant qu’enfant, il lui manqua de ses membres nécessaires, soit intérieurs, soit extérieurs. C’est pourquoi on pourrait l’avoir connu, détruit et excommunié plus facilement, étant alors dans un état plus brut et grossier. Et il était muet, car il n’avait pas la sagesse qui sait raisonner, qui sait s’excuser, qui sait définir, qui sait prononcer des sentences ; car il lui manqua des ministres sans vérité et des statuts humains ; il lui manqua des hommes religieux extérieurement : en effet, il était bien venu, quant à l’erreur et au péché, mais il n’avait pas les choses avec lesquelles il put couvrir la souillure ou la vergogne des erreurs ou du péché.
Comme il lui manquait des richesses et des dotations, il ne put pas prendre à gages des ministres pour lui ; il ne put pas les multiplier, les conserver, les défendre ; car il manqua de puissance ou de pouvoir séculier ; il ne put ni forcer ni contraindre personne de la vérité au mensonge.Comme il lui manqua beaucoup, il ne put ni ébranler ni scandaliser personne par ses solennités. Et ainsi, étant trop tendre et faible, il ne trouva pas de place dans l’Église. Mais, croissant en ses membres, c’est-à-dire en ses ministres aveugles et hypocrites et en ses gens mondains ; et lui-même grandit jusqu’à être homme fait dans la plénitude de l’âge, c’est-à-dire jusqu’à ce que les hommes écclésiastiques et séculiers et les amis du monde, aveugles en la foi et étant mauvais, se sont multipliés dans l’Église avec tout pouvoir, l’Antéchrist voulant être invoqué, prié et honoré dans les choses spirituelles et couvrir son autorité, sa malice et ses péchés, a eu recours aux saints et aux pharisiens, en cela, comme il est dit ci-dessous.
Car c’est une extrême iniquité de cacher et orner une iniquité digne d’excommunication, et de vouloir paraître ce qui n’est pas donné à l’homme, mais qui appartient à Dieu seul et à Jésus-Christ en tant que médiateur. Enlever frauduleusement à Dieu, par rapine, ces choses et les transporter à soi et à ses œuvres doit être une extrême méchanceté, comme aussi de régénérer, de pardonner les péchés, de distribuer les grâces du Saint-Esprit, de confectionner Christ, et ainsi des autres choses semblables.
Et se couvrir dans toutes ces choses du manteau de l’autorité, de la forme des paroles, et tromper par ces choses le peuple ignorant, suivant ce que fait le monde dans les choses qui sont du monde : éloigner aussi de Dieu, et de la vraie foi, et de la régénération du Saint-Esprit ; éloigner de la véritable repentance, de la persévérance dans le bien ; éloigner de la charité, de la patience, de la pauvreté, de l’humilité, et, ce qui est le pire de tout, éloigner de la vraie espérance et la placer en tout mal et en la vaine espérance du monde ; fournir à tous les ministères pour ces choses, faire idolâtrer le peuple, servir frauduleusement les idoles du monde entier, sous le nom de saints, et les reliques, et prendre part à leurs services ; c’est ainsi que le peuple, s’égarant extrêmement de la voie de la vérité, croit servir Dieu et bien faire, on excite ce peuple à la haine, à la colère et à la méchanceté contre les fidèles et contre les amis de la vérité, et il fait beaucoup d’homicides, et ainsi l’Apôtre dit la vérité : Tel est l’homme de péché accompli, et c’est lui qui s’élève au-dessus de tout ce qui est Dieu ; et qui est servi, et qui s’oppose à toute vérité, et qui est assise dans le temple de Dieu, c’est-à-dire dans l’Église, se montrant de même que s’il était Dieu, et qui vient avec toute sorte de séductions pour ceux qui périssent.
Et si ce rebelle est déjà venu en toute perfection, il ne faut plus le chercher. En effet, par la permission de Dieu, il est formé et déjà vieux, puisqu’il décroît déjà. Car sa puissance et son autorité sont diminuées, et le Seigneur Jésus a tué ce méchant par le souffle de sa bouche et par beaucoup d’hommes de bonne volonté, et il fait intervenir une puissance qui lui est contraire aussi bien qu’à ses amis, qui dissipe ses lieux et ses possessions, et qui met la division dans cette cité de Babylone d’où toutes les générations tirent leur vigueur de malice.
Choses par lesquelles est couverte l’iniquité de l’Antéchrist
Premièrement et principalement cette iniquité est couverte par une profession extérieure de la foi. À l’égard de quoi, l’Apôtre dit : Car ils confessent en paroles qu’ils ont connu Dieu, mais ils le renient par leurs actions.
Elle est couverte, en second lieu, par la longue durée du temps, par des savants, par des ordres religieux, hommes, vierges et veuves, et aussi par un peuple nombreux, duquel il est dit dans l’Apocalypse : Et pouvoir lui fut donné sur toute tribu et langue, et nations, et tous ceux qui habitent la terre l’adoreront.
Troisièmement, par l’autorité spirituelle des apôtres, contre lesquels l’Apôtre dit : Nous ne pouvons rien contre la vérité, et aucune pouvoir ne nous est donné pour la destruction.
En quatrième lieu, par beaucoup de miracles faits ça et là, su quoi l’Apôtre parle ainsi : Son avènement est selon l’œuvre de Satan, accompagné de toute sorte de miracle, de signes et de merveilles mensongères et de toutes les tromperies de l’iniquité.
En cinquième lieu, par une sainteté extérieure, par prières, par jeûnes, par vigiles et aumônes ; contre quoi l’Apôtre dit : Ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force.
Sixièmement, par quelques paroles de Christ et par les écrits des anciens et par les conciles, lesquels ils suivent, autant qu’ils ne condamnent pas leur mauvaise vie et leurs voluptés.
En septième lieu, par l’administration des sacrements, par lesquels ils vomissent l’universalité de toutes leurs erreurs.
Huitièmement, par des remontrances et des prédications verbales contre les vices, car ils disent et ne font pas.
En neuvième lieu, quelques-uns parmi eux vivent dans une prétexte de vertu, et d’autres mènent véritablement une vie vertueuse. Car ces élus de Dieu, ayant bonne volonté et une bonne conduite, retenus là comme dans Babylone, sont comme de l’or avec lequel le méchant Antéchrist couvre sa vanité, ne permettant pas, ni qu’on rende son vrai culte à Dieu seul, ni qu’on mette son espérance en Jésus-Christ seul, ni qu’on s’attache à la vraie religion.
Ces choses et beaucoup d’autres servent comme de manteau et de vêtement à l’Antéchrist, au moyen desquelles il couvre sa malice mensongère, afin de n’être pas réprouvé entièrement comme païen, et à l’ombre desquelles il peut marcher malhonnêtement comme une prostituée.
Devoir de séparation du chrétien
Que le chrétien soit tenu par commandement de se séparer de l’Antéchrist, cela est dit et prouvé par l’Ancien et par le Nouveau Testament :
Car le Seigneur dit, Ésaïe cinquante-deux : Retirez, retirez ; sortez d’ici, ne touchez à rien d’impur, sortez du milieu d’elle ; purifiez-vous , vous qui portez les vases de l’Éternel. Car vous ne sortirez pas en hâte, ni ne vous marcherez pas en fuyant.
Et Jérémie cinquante : Fuyez hors de Babylone, sortez du pays des Chaldéens, et soyez comme des boucs à la tête du troupeau. Car voici, je vais susciter et farre monter contre Babylone une multitude de grandes nations du pays du septentrion; elles se rangeront en bataille contre elle, et s’en empareront.
Nombres, seize : Séparez-vous du milieu de cette assemblée, et je les consumerai en un instant. Et ensuite : Éloignez-vous des tentes de ces méchants hommes, et ne touchez à rien de ce qui leur appartient, de peur que vous ne périssez pas en même temps qu’ils seront punis pour tous leurs pêchés.
Lévitique : Je suis l’Éternel, votre Dieu, qui vous ai séparés des peuples. Vous observerez la distinction entre les animaux purs et impurs, entre les oiseaux purs et impurs, afin de ne pas rendre vos personnes abominables par des animaux, par des oiseaux, par tous les reptiles de la terre, que je vous ai appris à distinguer comme impurs.
Item, Exode, trente-quatre : Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays où tu dois entrer, de peur qu’ils ne soient un piège pour toi.
Et ensuite : Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays, de peur que, se prostituant à leurs dieux et leur offrant des sacrifices, ils ne t’invitent, et que tu ne manges de leurs victimes ; de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles, se prostituant à leurs dieux, n’entraînent tes fils à se prostituer à leurs dieux.
Lévitique, quinze, 31 : Vous éloignerez les enfants d’Israël de leurs impuretés, de peur qu’ils ne meurent à cause de leurs impuretés, s’ils souillent mon tabernacle qui est au milieu d’eux.
Ezéchiel, onze, 21 : Mais pour ceux dont le cœur se plaît à leurs idoles et à leurs abominations, Je ferai retomber leurs œuvres sur leur tête, Dit le Seigneur, l’É ternel.
Deutéronome, dix-huit : Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, tu n’apprendras point à imiter les abominations de ces nations-là. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Éternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. Tu seras entièrement à l’Éternel, ton Dieu. Car ces nations que tu chasseras écoutent les astrologues et les devins ; mais à toi, l’Éternel, ton Dieu, ne le permet pas.
Dans le Nouveau Testament aussi, il est manifeste, Jean, onze : Que le Seigneur devait mourir, afin qu’il réunisse en un les enfants de Dieu.
Car c’est pour ces vérités d’unité et de séparation les uns d’avec les autres, qu’il dit, Matthieu dix : Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Et il a commandé de se séparer, quand il a dit : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi,, etc.
De même – Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, etc.
De même aussi : Gardez-vous du levain des pharisiens.
De même encore : Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant ; C’est moi. Et ils séduiront beaucoup de gens. Si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. ; gardez-vous d’aller après eux.
Et, dans l’Apocalypse, il admoneste de sa propre voix et commande à son peuple de sortir de Babylone, disant : Et j’entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux. Car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités.
L’Apôtre dit ceci même : Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.
Item, Éphésiens cinq : N’ayez donc aucune part avec eux. Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur.
Item, 1 Corinthiens dix : Je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons.
Item, 2 Thessaloniciens trois – Nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre, et non selon les instructions que vous avez reçues de nous.Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter,
Et ensuite : Et si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre, notez-le, et n’ayez point de communication avec lui, afin qu’il éprouve de la honte..
Item, Éphésiens cinq : Ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres.
De même, 2 Timothée trois : Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles..
Et plus bas : Ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là..
Des choses sus-notées sont manifestement démontrées la malice de l’Antéchrist et sa perversité, etc. Et comme il est ordonné par le Seigneur de se séparer de lui intérieurement comme extérieurement, et de s’unir à Jérusalem la sainte cité. Ainsi donc, connaissant ces choses que le Seigneur nous révèle par ses serviteurs, et croyant à cette révélation, selon les saintes Écritures, et étant en même temps admonestés par les commandements du Seigneur, nous nous séparons intérieurement et extérieurement de celui que nous croyons l’Antéchrist, et nous nous tenons compagnie les uns avec les autres, unis de bonne volonté et d’intentions droites, ayant pour fondement pur et simple de plaire au Seigneur et d’être sauvés, avec l’aide du Seigneur, autant que la vérité de Christ et de son Épouse, comme aussi notre faible intelligence, peuvent le permettre.
Nous faisons donc remarquer quelles sont les causes de notre séparation, comme aussi de notre assemblée, afin que si le Seigneur donne aux autres d’avoir cette même vérité, ils puissent l’aimer en même temps que nous. Et afin que s’ils ne sont pas bien éclairés, ils seront aidés par ce ministère béni arrosé du Seigneur. Et s’il arrive que plus ait été accordé à quelqu’un, et plus abondamment, nous désirons humblement d’en être instruits, de savoir mieux de lui et d’être corrigés en ce qui nous manque.
Les raisons qui suivent sont donc la cause de notre séparation
Qu’il soit connu à tout un chacun, que la cause de notre séparation a été telle ; savoir, pour la vérité essentielle de la foi, et la connaissance intérieure d’un vrai Dieu en trois personnes dans une unité d’essence, connaissance que ne donne ni la chair ni le sang ; le culte convenable dû à Dieu seul, l’amour qui lui appartient au-dessus de toutes choses, la sanctification, l’honneur qui lui est dû aussi au-dessus de toutes choses et de tout ce qui se nomme ; l’espérance vive qui est par Christ en Dieu ; la régénération et le renouvellement intérieur par la foi, par l’espérance et par la charité ; le mérite de Christ en toute suffisance de grâce et de justice ; la communion de tous les élus ; la rémission des péchés, la sainteté de la vie, et le fidèle accomplissement de tous les commandements par la foi en Jésus-Christ ; la véritable repentance, la persévérance jusqu’à la fin et la vie éternelle.
Les vérités qui regardent le ministère sont celles-ci : les assemblées extérieures des ministres avec le peuple qui leur est soumis, en lieu et temps convenable, pour les instruire dans la vérité par la ministère ; savoir dans la vérité mentionnée plus haut, l’y amenant, l’y affermissant et l’y entretenant par de fidèles et fréquentes assemblées ; les bons ministres étant, quant à la foi et à la conduite, en exemple d’obéissance, et de suivre avec vigilance la pratique et l’exemple du Seigneur envers le troupeau.
Les choses auxquelles sont tenus les ministres pour servir le peuple sont celles-ci : Lui prêcher la parole évangélique et la parole de la réconciliation, ou la loi de grâce, selon le dessein et l’intention de Christ. Car, ils doivent annoncer la parole évangélique, et le sacrement étant joint à la parole, confirme son sentiment et son intelligence, et affermit l’espérance en Christ chez le fidèle. La communion administrée par le ministre renferme tout par la vérité essentielle. Et s’il y a quelques autres choses qui concernent le ministère, elles peuvent toutes être comprises dans ce qui a été dit.
Or, de ces vérités particulières, les unes sont essentiellement nécessaires au salut des humains, les autres le sont conditionnellement. Elles sont contenues en douze articles avec l’addition de plusieurs paroles des apôtres.
Quelles sont les œuvres de l’Antéchrist ?
La première œuvre de l’Antéchrist c’est de bannir la vérité et de la changer en mensonge, en erreur et en hérésie.
La seconde œuvre de l’Antéchrist c’est de cacher le mensonge sous la vérité et sous les erreurs, et de le prouver et le confirmer par la foi et par des miracles, d’entremêler la fausseté avec les choses spirituelles aux yeux du peuple soumis, soit à l’aide des ministres on des ministères, ou de toute l’Église.
Et ces deux œuvres renferment une malice parfaite et accomplie, telle que ne purent faire aucun tyran ni aucun potentat jusqu’au temps de l’Antéchrist.
Aussi, avant lui, Christ n’a jamais eu un tel ennemi qui pût ainsi pervertir la voie de la vérité en fausseté, et le mensonge en vérité, et pervertir semblablement les partisans de l’une et de l’autre de la vérité et du mensonge.
De manière que la sainte mère Église avec ses vrais enfants est toute foulée aux pieds en les vérités, spécialement en les ministères des vrais ministres selon la vérité, en les ministères et la manière de s’en acquitter et de la part qu’y prennent ses enfants ; elle pleure en se lamentant, répétant les paroles et les plaintes de Jérémie, disant :
Eh quoi! Elle est assise solitaire la cité du peuple païen et incirconcis ! Elle est devenue veuve, c’est-à-dire de la vérité de son époux. Dame des nations, par leur soumission aux erreurs et aux péchés ; princesse des provinces, par le partage du monde et des choses qui sont dans le monde, pleure et regarde (vois) plus en avant, et tu trouveras maintenant toutes choses accomplies par le temps.
Car la sainte Église doit être tenue pour une synagogue de ceux qui font le mal. Et la synagogue des méchants est prêchée comme la mère qui a bonne croyance en la loi. La fausseté est prêchée à la place de la vérité, l’iniquité à la place de l’équité, l’injustice est prêchée et est tenue pour la justice, l’erreur pour la foi, le péché pour la vertu, le mensonge pour la vérité.
Quelles œuvres découlent des premières ?
Celles-ci : La première œuvre, c’est qu’il a transporté le culte dû proprement à Dieu seul, à lui, à ses œuvres, à la pauvre créature raisonnable et non raisonnable, sensible et non sensible : raisonnable comme les hommes saints ou saintes, transportés hors de ce monde, et leurs images, ossements et reliques.
Ses faits sont les sacrements, spécialement le sacrement de l’eucharistie qu’il adore comme Dieu et comme Jésus-Christ semblablement ; il sert les choses bénites et consacrées, et défend d’adorer Dieu seul.
La seconde œuvre de l’Antéchrist est qu’il ôte et enlève à Christ le mérite de Christ avec toute la suffisance de la grâce, de la justice, de la régénération, rémission des péchés, de la sanctification, de la confirmation et de la nourriture spirituelle ; et il l’impute et l’attribue à son autorité, à ses œuvres, et aux saints, et à leur intercession et au feu du purgatoire ; et il détourne le peuple de Christ et l’amène vers les choses qu’on vient de dire, afin qu’il ne recherche pas celles de Christ ni par Christ, mais seulement dans les œuvres de ses mains, et non par une foi vivante en Dieu, ni en Jésus-Christ, ni au Saint-Esprit, mais selon la volonté et les œuvres de l’Antéchrist, ainsi qu’il publie que tout le salut consiste dans ses œuvres.
La troisième œuvre de l’Antéchrist, c’est qu’il attribue la régénération donné par le Saint-Esprit à la foi morte et extérieure, et baptise les enfants en cette foi, enseignant que c’est par elle que sont consacrés le baptême et la régénération ; c’est dans la même foi qu’il confère et donne les ordres et les autres sacrements, et c’est en elle qu’il fonde tout le christianisme ; ce qui est contre au Saint-Esprit.
La quatrième œuvre de l’Antéchrist est celle par laquelle il bâtit et édifie, en même temps, en la messe, toute la religion et la sainteté du peuple, en ayant fait un tissu de différentes cérémonies judaïques, païennes et chrétiennes. Et y conduisant, pour l’entendre, l’assemblée et le peuple, il prive celui-ci de la nourriture spirituelle et sacramentelle, et l’éloigne de la vraie religion et des commandements de Dieu, l’éloigne aussi des œuvres de miséricorde par ses offertoires ; et par cette messe il loge le peuple dans une espérance vaine.
La cinquième œuvre de l’Antéchrist, c’est qu’il fait toutes ses œuvres, afin qu’il soit vu et qu’il satisfasse son insatiable avarice, comme aussi, afin qu’il puisse mettre toutes choses en vente et ne fasse rien sans simonie.
La sixième œuvre de l’Antéchrist, c’est qu’il donne lieu à des péchés manifestes, sans sentence ecclésiastique, et qu’il n’excommunie pas les impénitents.
La septième œuvre de l’Antéchrist, c’est qu’il ne dirige ni ne défend son unité par le Saint-Esprit, mais à l’aide du pouvoir séculier, et qu’il l’appelle également à son secours pour les choses spirituelles.
La huitième œuvre de l’Antéchrist est qu’il hait, persécute, accuse, pille et met à mort les membres de Christ.
Ce sont là les principales œuvres qu’il fait. Il les fait contre la vérité, et personne ne peut les compter toutes ni les écrire. Mais qu’il suffise pour le présent d’avoir montré comme au doigt ces choses comme les plus générales par lesquelles est couverte cette iniquité.
Six iniquités de l’Antéchrist
Les erreurs et les impuretés préscrites par le Seigneur, touchant l’Antéchrist, sont les suivantes : savoir, un service idolâtre varie et innombrable, accordé contre le commandement de Dieu et de Christ, non fait au Créateur, mais à la créature visible et non visible, corporelle ou spirituelle, intelligente et sensible, produite naturellement, ou par un art quelconque, ou sous quelque nom que ce soit, comme de Christ et des saints ou des saintes, et, des reliques, et des personnes en autorité, auxquelles créatures est rendu un service accompagné de foi, d’espérance, d’actions, d’oraisons, de pèlerinages, d’aumônes, d’offrandes, de sacrifices fort dispendieux. Ils servent de telles créatures, ils l’adorent, l’honorent de plusieurs manières, par des chants, par des panégyriques, par des solennités, par des célébrations de messes, par des vêpres, par des complies à ces mêmes créatures, par des heures, par des vigiles, par des fêtes, pour acquérir de la grâce, acquisition qui est essentiellement en Dieu seul, et méritoirement en Jésus-Christ, et qui s’obtient seulement par la foi par le secours du Saint-Esprit.
Car il n’y a pas d’autre source de l’idolâtrie qu’une opinion fausse touchant la grâce, touchant la vérité, touchant l’autorité, l’invocation, l’intercession, lesquelles l’Antéchrist ôte à Dieu pour les attribuer aux ministères et aux œuvres de ses mains, aux saints et au purgatoire. Et cette iniquité de l’Antéchrist est directement contraire au premier commandement de la loi.
Semblablement, l’amour désordonné de l’Antéchrist pour le monde est la source d’où procèdent dans l’Église tous les maux et les péchés des conducteurs, des directeurs, des officiers ; péchés qui restent sans correction, et qui sont contraires aux vérités de la foi et à la connaissance de Dieu le Père, selon le témoignage de Jean, qui dit : Celui qui pêche ne connaît point Dieu ni ne l’a vu. Car si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui.
La seconde iniquité de l’Antéchrist, consiste en ce qu’il place l’espérance de pardon, de grâce, de justice, de vérité et de vie éternelle, non en Christ, ni en Dieu par Christ, mais dans les hommes vivants et morts, dans l’autorité, dans des cérémonies ecclésiastiques, dans des bénédictions, dans des sacrifices, dans des prières et, dans d’autres choses semblables indiquées plus haut, et non dans une foi véritable qui produit la repentance, avec la charité, l’éloignement du mal et l’avancement dans le bien.
Aussi l’Antéchrist enseigne de n’espérer pas fermement en la régénération, l’affermissement, la réfection spirituelle ou communion, la rémission des péchés, la sanctification en vie éternelle : mais par les sacrements et par sa perverse simonie, moyen par lequel le peuple est trompé, et ayant toutes choses vendables, il a imaginé des ordonnances anciennes et nouvelles pour obtenir de l’argent, permettant que si quelqu’un a dit ou fait ceci ou autre chose, il veut qu’il puisse acquérir et grâce et vie. Et cette double iniquité est, proprement appelée, dans les saintes Écritures, un adultère et une fornication. C’est pourquoi, de tels ministres, qui conduisent le peuple grossier dans de telles erreurs, sont appelés prostituée de l’Apocalypse. Cette iniquité est contraire an second article, et aussi, contraire au second et au troisième commandement de la loi.
La troisième iniquité de l’Antéchrist, c’est, qu’outre ce qui a été dit, il a inventé de fausses ordres religieuses, des règles, des monastères, des églises, comme moyens d’acquérir l’espérance. De même, ils affirment, contre toute vérité, que c’est un devoir pour chacun d’entendre souvent et dévotement les messes, de recevoir les sacrements, de se confesser (mais rarement avec contrition), de faire des jeûnes ou en vidant sa bourse, être membre de l’Église romaine, de s’adonner ou livrer à la règle ou au capuchon. Et cette iniquité de l’Antéchrist est directement contraire au huitième article du symbole : Je crois au Saint-Esprit.
La quatrième iniquité de l’Antéchrist, c’est, qu’étant bien lui-même la quatrième bête décrite jadis par Daniel, et la prostituée de l’Apocalypse, il s’attribue des noms, l’autorité, le pouvoir, les dignités, les ministères, les offices, les écritures, au point de s’égaler et de se comparer à la vraie et sainte mère Église, en laquelle se trouve ministériellement, et non autrement, le salut et la vérité, quant à la vie, à la doctrine et aux sacrements. Car, si ce n’était qu’elle se couvre ainsi elle-même et ses ministres d’erreur et pécheurs manifestes, elle serait abandonnée de tous si elle était connue.
Mais parce que les empereurs et les rois, et les princes, estimant qu’elle était semblable à la vraie sainte mère Église, ils l’aimèrent elle-même et la dotèrent contre le commandement de Dieu. Cette iniquité des ministres, des sujets, de ceux ordonnés dans l’erreur et dans le péché, est directement contre le neuvième article : Je crois la sainte Église. Ces choses appartiennent à la première partie de l’article.
En second lieu, en effet, eux, en participant aux seules formes extérieures, selon les usages humainement ordonnés et inventés, croient et espèrent avoir leur part à la vérité des offices de pasteurs et de la cure d’âmes, comme si ceux qui seraient tondus comme des agneaux, qui seraient oints à la manière d’une paroi, et qui recevraient la bénédiction en touchant le livre et le calice, pouvaient prétendre être droitement ordonnés prêtres.
Il en est semblablement du peuple assujetti, si, parce qu’il a sa part aux paroles, aux signes, aux exercices externes et à leurs diverses cérémonies souvent répétées, il se persuadait avoir part à la vérité qui en est couverte. Et cela est contraire à l’autre partie du huitième article : Je crois la communion des saints.
Une chose est à faire, c’est qu’il faut s’éloigner de la très-mauvaise communion des moines qui, pour amener à sa participation les hommes charnels, leur font espérer, au moyen de choses de néant et par avarice, qu’ils leur feront avoir part à leur pauvreté et à leur chasteté, quels qu’ils soient d’ailleurs, ou luxurieux ou avares, pourvu qu’ils leur fassent à eux-mêmes des dons.
La cinquième iniquité de l’Antéchrist consiste en ce qu’il promet, en trompant, le pardon et la rémission des péchés à des pécheurs non véritablement contrits et qui n’ont pas renoncé fermement aux mauvaises œuvres. Et il fait d’abord cette promesse de la rémission des péchés au moyen de la confession auriculaire et de l’absolution donnée par des hommes, au moyen des pèlerinages dictés par l’avarice.
Cette iniquité est contraire au onzième article du Credo : Je crois la rémission des péchés. Car cette rémission dépend de l’autorité de Dieu et du ministère de Jésus-Christ, puis en partie de la foi, de l’espérance, de la repentance, de la charité et de l’obéissance qui, selon la Parole de Dieu, est en l’homme.
Il y a encore une sixième iniquité, c’est qu’ils prolongent l’espérance de pardon jusqu’à la fin de la vie, au moyen des iniquités cachées déjà mentionnées pour les pécheurs manifestes, et spécialement au moyen de l’extrême-onction et du purgatoire rêvé, en sorte que les hommes grossiers, qui ne connaissent pas la vérité, persévèrent dans l’erreur et sont absous de péchés dont ils ne se sont jamais éloignés de libre volonté pour qu’ils pussent en espérer la rémission à venir et la vie éternelle.
Cette iniquité est directement contraire aux onzième et douzième articles de la foi.
II – LE SONGE DE PURGATOIRE
Le songe de purgatoire que de nombreux prêtres et moines détiennent et enseignent comme un article de foi, avec de nombreux mensonges, affirmant qu’après cette vie, depuis l’ascension du Christ au ciel, les âmes, en particulier celles qui doivent être sauvées, n’ayant pas satisfait dans cette vie pour leurs péchés, en quittant leur corps doivent subir des douleurs terribles et être purgées à fond après cette vie au purgatoire. Et qu’étant purgés, ils sortent de là, certains plus tôt, d’autres plus tard, et certains au jour du jugement, et d’autres facilement et longtemps avant lui; en considération de quelles âmes chaque homme fidèle peut et doit les aider, même après cette vie, par le lien de la charité, par des prières, des jeûnes, des aumônes, des messes.
Au nom de ce purgatoire, beaucoup ont, à cause de leur avarice, inventé une abondance de choses incertaines qu’ils ont enseignées et prêchées, disant que ces âmes sont tourmentées dans le purgatoire, certaines jusqu’au cou même, certaines au milieu, d’autres par les doigts. Parfois, ils s’assoient et mangent ensemble à table et se réjouissent, surtout le jour de la Toussaint où le peuple offre largement les prières sur leurs sépulcres. Et parfois, ils disent qu’ils ramassent des miettes sous les tables des hommes riches. Au moyen de ces mensonges et de bien d’autres, leur avarice et leur simonie ont grandi et se sont multipliées à une grande hauteur. Il y a des cloîtres élevés, des temples coûteux construits et dotés, des autels élevés et multipliés au-dessus de mesure, et un monde de moines et de chanoines, qui ont inventé beaucoup plus de choses, par lesquels ils soulagent et libèrent ces pauvres âmes, se moquant de la Parole de Dieu.
Les gens sont gravement trompés et maltraités à propos de la question de leur âme et de leur substance, étant obligés de faire confiance à des choses aussi incertaines, tandis que les fidèles doivent se guérir, car s’ils refusent d’enseigner le purgatoire comme un article de foi, ils sont aussitôt cruellement condamnés à mort et martyrisés.
Par conséquent, nous nous engageons à parler du purgatoire et à présenter ce que nous en concevons.
D’abord alors, nous disons que les âmes de ceux qui doivent être sauvés doivent être purgées de toute leur impureté, comme déclaré dans Apocalypse 21, aucune chose souillée ni personne qui se livre à l’abomination et au mensonge, n’entrera au ciel. Maintenant, nous soutenons que la foi et les Écritures nous promettent de nombreuses façons de purger ou de purifier tous leurs péchés ceux qui sont dans cette vie présente. Saint Pierre montre dans Actes 15 que les cœurs sont purifiés par la foi et que la foi est suffisante pour purifier le mal sans aucun autre moyen. Comme le montre clairement le cas du voleur à la droite du Christ, qui, croyant et reconnaissant sincèrement ses péchés, est devenu digne du paradis. L’autre façon de purger l’église de Christ est par le repentir, comme il est dit dans Ésaïe 1 « Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions; cessez de faire le mal. » Et plus tard « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige, s’ils sont rouges comme le pourpre, ils deviendront comme la laine. » À ce lieu le Seigneur se présente aux véritables pénitents et ceux qui étaient coupables de péché deviendront blancs comme la neige.
Il y a une autre façon de purger les péchés, mentionnée par St Matthieu, chapitre 3 : « Il a son van à la main; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier. » Ce passage Chrysostome applique à l’église dans cette vie et ses tribulations. Et non seulement par des tribulations, mais le Seigneur lui-même nettoie son épouse et son aire, comme le dit saint Paul : « Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui=même pour elle; afin de la sanctifier, en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole; pour la faire paraître devant lui une Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. » Ici l’apôtre montre que Christ aimait tellement l’Église qu’il ne la purifierait pas par un autre lavage, mais par son propre sang, et que cela ne devrait en aucun cas être insuffisante, mais efficace, de telle manière qu’il ne reste aucune impureté à tout cela, après l’avoir glorifiée qu’elle n’a plus aucune tache ni ride ni aucune chose de ce genre sur elle, mais qu’elle est sanctifiée et sans souillure.
Ce témoignage du lavage de l’épouse du Christ n’est pas seulement rendu ici sur la terre, mais un témoignage est aussi rendu du ciel par ceux qui ont obtenu ce lavage efficace, cela étant dit d’eux dans l’Apocalypse : « Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé leurs robes, et ont blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, ils le servent jour et nuit dans son temple. » Ainsi, nous voyons combien de voies peuvent être empruntées par la foi des Écritures pour montrer que les fidèles sont purgés de leurs péchés avant de quitter cette vie.
En troisième lieu, nous estimons qu’il serait beaucoup plus sûr pour chacun de vivre dans cette vie pour qu’il ne doive plus avoir besoin d’être purgé par la suite. Il vaut beaucoup mieux réussir dans cette vie que d’espérer une aide incertaine après cela. C’est une manière beaucoup plus sûre, au lieu de ce que les autres feront de bien après notre mort, de faire de même pour nous-mêmes de notre vivant. Il est une chose plus heureuse de partir donc dans un état libre que de chercher la liberté après avoir été enchaîné.
Outre ce qui a été dit, nous soutenons qu’il ne peut être établi par aucun passage simple de la Sainte Écriture de la loi de Dieu ni par de saints enseignements fondés sur l’Écriture, sans les tordre, qu’il a été jugé d’un commun accord que les fidèles doivent nécessairement professer et considérer comme un article de foi qu’il devrait y avoir un tel lieu de purgatoire à entrer après cette vie. Qu’il n’y a pas un tel endroit après l’ascension du Christ pour de telles âmes qui n’ont pas satisfait dans cette vie pour les péchés qu’elles ont commis où elles endureraient la douleur la plus terrible après avoir quitté leur corps, et donc pour être purifiées et sortir de là, certains plus tôt, certains plus tard, certains au jour du jugement et certains plus tôt. En ce qui concerne les preuves bibliques, il n’y en a pas du tout dans la Bible. Parcourons toute la loi de Dieu, nous ne rencontrerons aucun passage obligeant un chrétien à croire, en tant qu’article de foi, qu’après cette vie, il devrait y avoir un endroit comme le purgatoire, comme certains disent. Il n’y a pas un seul endroit dans toutes les Saintes Écritures pour le montrer, et aucune preuve ne peut être produite qu’une seule âme ait jamais pénétrée dans un tel purgatoire et en ait ressortie.
Ce n’est donc pas une chose à créditer ou à croire. Pour preuve de cela, saint Augustin écrit dans le livre intitulé Mille Verba : « Nous croyons par la foi universelle et par l’autorité divine que le Royaume du Ciel est le premier palais où les baptisés sont reçus. Le second est celui où l’excommunié et l’étranger de la foi en Christ souffriront des tourments éternels. Quant à un troisième, nous n’en connaissons aucun et nous n’en trouvons rien de certifié dans les Saintes Écritures. »
Dans le même livre sur ce passage « N’entrera pas dans le royaume de Dieu », il écrit ainsi : « O frères, que personne ne se trompe, car il n’y a que deux endroits, le troisième n’existe pas du tout; car celui qui n’est pas jugé digne de régner avec Christ doit sans doute périr avec Satan. » À cet effet Saint-Chrysostome sur le vingtième chapitre de Saint Matthieu, où il est dit que le royaume des cieux est semblable à maître de maison; parle de cette manière, « le maître de maison est Christ, à qui le ciel et la terre sont une maison et les familles sont les créatures célestes et terrestres. Dans cette maison, il a construit trois chambres, l’enfer, le ciel et la terre. Les militants ou les combattants sont ceux qui habitent la terre. Ceux qui sont vaincus descendent en enfer, ceux qui ont vaincu entrent au ciel. Prenons garde, nous qui sommes dans la région du milieu, que nous ne descendions pas après ceux qui sont en enfer, mais que nous puissions monter vers eux qui sont au-dessus du ciel.
N’est-il pas clair par ces autorités qu’il n’y a que deux endroits précis après l’ascension du Christ dans le ciel où vont les âmes en quittant leur corps, et qu’il n’y a pas du tout de troisième place dans les Saintes Écritures ?
Par conséquent, aucune mention expresse n’a été faite tout au long de la loi de Dieu d’un endroit tel que le purgatoire, et les apôtres n’ont laissé aucune instruction à ce sujet. L’Église primitive, gouvernée selon l’Évangile et par les apôtres eux-mêmes, n’a pas non plus laissé d’ordonnance ni de commandement à ce sujet, et voyant que c’était cinq cent huit ans après Christ que le pape Pélage a commencé à faire de cette institution que le souvenir devrait être fait des morts dans la masse, il s’ensuit qu’il n’y a aucune preuve expresse pour cela dans la loi de Dieu, donc il est inutile de croire au purgatoire comme un article de foi qu’il devrait y avoir une telle chose après cette vie.
On peut alors se demander pourquoi les gens sont tellement attirés par cette idée d’aider les morts. Voyant que dans toutes les Écritures, rien n’est expressément enseigné à ce sujet, à moins que ce ne soit dans le livre des Maccabées, qui n’appartient pas à l’Ancien Testament ni n’est canonique, et que ni Christ, ni aucun de ses apôtres ni aucun des saints qui leur ont succédé n’ont jamais enseigné à prier pour les morts. Ils ont tous fait très attention à enseigner que les gens qui vivaient sans reproche devraient être saints. Par conséquent, en réponse à la question, nous disons que la première cause en est la tromperie et l’artisanat des prêtres, procédant de leur grande avarice et qui n’ont pas instruit le peuple de bien vivre comme l’ont fait les prophètes et les apôtres de Christ, mais seulement d’offrir beaucoup et mettre leur espoir de la délivrance et le salut sur le purgatoire.
III – DE L’INVOCATION DES SAINTS
Maintenant, nous parlerons aussi de l’invocation des saints, à propos de laquelle, certains ministres et leurs adhérents prêchent et gardent avec diligence comme un article de foi, disant que les saints disparus, dans le pays céleste, devraient être priés par nous dans une telle manière que faisaient les prêtres. D’autres personnes, par leur instruction, leur enjoignent beaucoup d’autres choses pour faciliter leur invocation et en l’autorisant et en le magnifiant, les gens croient charnellement et se trompent grandement, pensant que, comme cela est pratiqué dans les cours du roi terrestres, que certains d’entre eux intercèdent pour les autres et atténuer leur colère. Ils disent donc que cela doit aussi être avec Dieu lui-même, que les saints disparus doivent apaiser la colère de Dieu lorsqu’elle est allumée contre un pécheur.
Mais nous ne devons pas croire une telle chose, car si cela était vrai, il n’y aurait pas de véritable conformité entre la volonté des saints et celle de Dieu. Car il semblerait que Dieu soit provoqué à l’indignation si les saints n’interviennent pas devant lui.
Deuxièmement, en magnifiant et en priant les saints, le peuple tombe dans l’idolâtrie, accordant plus de confiance aux saints qu’à Dieu lui-même et les servant avec plus d’affection que le seul Dieu. Ce qu’ils font effectivement apparaître en ornant plus précieusement leurs autels, les sons les plus forts de la sonnerie et du chant, la multiplicité des lumières et des bougies et autres solennités. Par tout cela, les simples gens n’en conçoivent rien d’autre que le fait que les saints sont plus miséricordieux que Dieu lui-même, en pouvant délivrer de la damnation par leur intercession à Dieu ceux que Dieu avait déjà condamnés. Pour mieux maintenir cela, les gens apprennent que les saints aiment qu’on leur offre des cadeaux, qu’ils sont ravis d’entendre leurs louanges et qu’ils intercèdent le plus pour ceux qui les offrent, les louent et les honorent le plus. Toutes ces choses doivent être évitées et tenues en abomination.
Ce genre d’invocation est ce dont nous traitons maintenant, pour faire connaître ce que nous tenons concernant l’invocation des saints. Nous disons d’abord et avant tout ce qu’est l’invocation. L’invocation est un désir sincère de l’esprit et de l’âme adressé au seul Dieu par la voix dans la prière.
Deuxièmement, nous soutenons que l’homme Christ est le médiateur entre Dieu et l’homme et notre avocat auprès de Dieu le Père, ayant payé pour nos péchés (1 Timothée 2.4) s’approchant de Dieu de lui-même, vivant toujours pour intercéder pour nous. Aucun homme ne vient au Père que par lui. Et (il se dit) tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai. Qui donne en abondance à tous ceux qui le demandent et ne fait de reproches à personne. Il est notre avocat auprès de Dieu le Père, car il nous pardonne nos péchés. La vérité est qu’il se présente à nous d’une manière ou d’une autre avant que nous nous remuions. Il se tient à la porte et frappe, afin que nous lui ouvrions. Pour obstruer tous les moyens et toutes les occasions de l’idolâtrie, il est assis à la droite du Père céleste et veut que toute âme fidèle le cherche seulement et ait un œil et un recours vers lui. Car le soin et la pensée des fidèles devraient être pour celui qui est au-dessus. À cet égard, il est dit : si vous vous êtes levés avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut où Christ est assis à la droite de Dieu. Il est la porte, quiconque entre par lui sera sauvé. Personne ne vient au Père, dit-il, mais par moi.
En troisième lieu, nous soutenons que les saints ne sont pas placés devant nous pour les adorer, mais comme exemples. Saint Paul dit : soyez mes imitateurs comme je suis de Christ, et prenez garde à ceux qui marchent comme vous nous avez pour exemple. Par conséquent, nous devons les honorer par imitation, et non les adorer par la religion. Tout cela étant établi pour notre fondation, nous disons qu’aucun homme né physiquement, sauf Christ, ne doit être adoré. Aucun autre n’est le médiateur certain et vrai entre Dieu et l’homme, et intercesseur de nos péchés envers Dieu le Père, mais lui seul. Il n’est pas nécessaire qu’une telle adresse religieuse soit faite par les vivants aux saints décédés.
Christ a également cette prérogative d’obtenir tout ce qu’il demande au nom de l’humanité, qu’il a réconciliée par sa mort. Il est le seul médiateur entre Dieu et l’homme, l’avocat et l’intercesseur auprès de Dieu le Père pour les pécheurs, et si suffisant que le Père ne nie à aucun homme qu’il prie au nom de Christ. Pour lui, il entend toujours ceux qui prient et demandent en son nom. Étant proche de Dieu et vivant de lui, il prie continuellement pour nous. Car il nous est convenable d’avoir un souverain sacrificateur aussi saint, sans culpabilité, sans reproche, séparé des pécheurs et exalté au-dessus de tous les cieux, le premier-né qui, au-dessus de tous les hommes, devrait avoir le pouvoir et l’autorité de sanctifier les autres et d’intercéder pour eux. Jésus n’est pas entré dans des lieux faits de mains, qui étaient des figures des vrais, mais il est entré dans le ciel pour y apparaître en notre nom devant la face de Dieu.
Jean dit de lui : Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste, et Paul dit que Jésus qui est mort pour nous est aussi ressuscité pour nous et s’est assis à la droite de Dieu, où il intercède pour nous.
Par conséquent, c’était une folie de chercher n’importe quel autre intercesseur. Car Christ vit toujours avec le Père, intercède continuellement pour nous et est toujours prêt à secourir ceux qui l’aiment. Par conséquent, en suivant ce qu’il a dit, dans quel but devrions-nous nous adresser à tout autre saint ou médiateur, car il est lui-même beaucoup plus aimant et plus prompt à nous aider que n’importe lequel d’entre eux. Considérant que l’esprit de celui qui prie doit être distrait par la multitude de saints auxquels il peut prier, afin que l’affection doive s’abaisser envers Christ, étant partagée entre tant de personnes. Et beaucoup croient que s’adresser à quelqu’un de seul, faisant de lui son unique intercesseur, s’avère plus bénéfique en matière spirituelle. Sans aucun doute, l’église s’améliorerait et avancerait beaucoup plus si elle ne reconnaissait pas une telle multitude d’intercesseurs nouvellement inventés. Ce fut une grande folie d’abandonner la fontaine d’eau vive et d’aller vers les ruisseaux qui n’ont rien de limpide et à portée de main.
Ainsi, il est évident :
- Qu’il n’y a rien qu’on puisse obtenir de la main de Dieu que par Christ le médiateur.
- Qu’il était plus opportun d’adorer Christ seul de tous les hommes, lui étant le meilleur et le plus aimable médiateur et intercesseur dans toutes sortes d’extrémités.
- Que selon sa Parole, nous n’avons pas besoin de nous adresser à d’autres saints pour intercesseurs, car il est beaucoup plus prêt à nous aider que tout autre saint, comme étant ordonné par Dieu à cette fin. Que notre adresse et notre intercession soient faites par celui qui est plus miséricordieux que les autres; car il sait pour qui il est le plus apte d’intercéder, ayant versé son sang pour eux, qu’il ne pourra jamais oublier; ils sont écrits sur ses mains et sur sa poitrine.
- Qu’il serait insensé de chercher un autre intercesseur.
- Que, dans l’Église primitive, les hommes adressaient leurs prières à cette personne singulière, en tant que médiateur de l’aide spirituelle.
- Que l’église a alors profité et augmenté plus qu’elle ne le fait depuis qu’ils ont trouvé tant d’intercesseurs, qui ne sont que des nuages sans eau, obscurcissant Christ, le Soleil de justice qui est le véritable intercesseur pour beaucoup en attente d’une aide spirituelle se retrouvèrent abandonné par leur vain espoir.
Car comme Dieu est juste, et que nous sommes injustes et insuffisants de nous-mêmes, c’est lui qui pardonne nos péchés, passés comme présents. Car il s’est donné pour notre rédemption, c’est-à-dire qu’il a été l’oblation par laquelle notre pardon a été obtenu. Dieu a envoyé son Fils pour être celui qui pardonne nos péchés, il est le remède contre le péché, pour nous empêcher de tomber dans le désespoir. Nous devons être réconciliés avec le Christ avocat, qui plaide perpétuellement notre cause, intercédant auprès du Père en notre faveur, étant non seulement notre avocat, mais aussi notre juge. Car le Père a rendu tout jugement au Fils, donc les pénitents ont une grande espérance, étant sûrs de l’avoir pour leur juge qui est leur avocat.
Cette foi est fondée sur Christ comme sur une pierre angulaire sur laquelle les saints reposaient toujours solidement et qui était toujours considérée comme suffisante, jusqu’à ce que l’homme du péché ait le pouvoir d’introduire cette nouvelle intercession des saints. Quelle foi tous les saints avaient quand ils étaient ici. Ils confessent à ce jour qu’ils ne sont pas sauvés par l’oblation ou l’intercession d’un autre Dieu et qu’ils sont arrivés dans le royaume céleste selon Apocalypse 5.9 etc. Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, et pour l’ouvrir. Car tu as été immolé, et tu nous as rachetés à Dieu par ton sang, de toutes les tribus et de toutes les langues, et qui as fait de nous des rois et des sacrificateurs à notre Dieu. Voir comme leur humilité et leur reconnaissance retentissent encore sur la terre, ils laissent un tel record qu’ils ne sont entrés là où ils sont que par son sang et confessent avoir reçu par lui tout leur bien-être là-bas, et tout ce dont ils jouissaient pendant leur séjour ici. En un mot, ils n’ont reçu aucune sorte de bien à aucun moment, que par notre bon médiateur et intercesseur Jésus-Christ.