Nous ne pouvons finalement passer sous silence un souvenir qui nous hante. Le 6 mars 1932, un remarquable couple de serviteurs de Dieu de l’étranger nous fit à l’improviste le plus grand plaisir de venir passer un dimanche au sein de notre église. Notre frère avait le cœur débordant de sa rencontre de la veille même avec Benito Mussolini. Au cours de l’entretien notre visiteur, fervent disciple de l’école Darby-Scofield, révéla à son interlocuteur sa certitude d’une réconstruction prochaine de l’Empire Romain, certitude que, très sincèrement, il croyait fondée sur la prphétie. Pour des raisons faciles à comprendre, le Duce accueillit avec le plus grand interêt cette révélation innatendue. Sur ses instantes questions, le visiteur précisa, en lui lisant des textes bibliques à l’appui de sa conviction. Bonne note en fut soigneusement prise par le maître de l’Italie. Il est bien permis de présumer celui-ci en fut encouragé à affermir promptement des desseins qui, ayant commencé par L’Éthiopie et continuant par la France, ont valu au monde un accroissement de douleurs.
Nouvel et saisissant exemple des incalculables incidences de toute interprétation hasardeuse de la prophétie de la part d’hommes pourtant parfaitement intentionnées. D’autres évangéliques, en tous pays et notamment dans le nôtre, préfèrent maintenant voir oublier l’emphase qu’ils ont naguère trop bruyamment mise sur une mission divine d’un Duce immensément orgueilleux, traître, cruel et moralement corrompu, et d’un Hitler cyniquement criminel.
Robert Dubarry, Pour faire connaissance avec un trésor caché