Nous devons croire au libre arbitre – nous n’avons pas de choix. Isaac Bashevis Singer

Qu’est-ce que M. Singer veut dire exactément ? N’ayant plus que ce fragment pour chercher une signification plus complexe de sa pensée, je dirai que je suis d’accord.

Quand Moïse a dit au peuple « J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie », et Josué a dit plus tard, « choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir », nous devons supposer que le peuple était vraiment libre de faire les choix qui leur étaient offerts.

Pourtant, la plupart des confessions chrétiennes enseignent que nous n’avons pas le libre arbitre pour choisir notre propre destin. Ils magnifient la souveraineté de Dieu au point de dire que si les humains peuvent choisir de répondre oui ou non à l’appel de Dieu, cela veut dire que Dieu n’est pas tout puissant.

Mais si les mots signifient quelque chose, la Bible nous offre un tel choix, de la Genèse à l’Apocalypse. Où alors les gens ont-ils l’idée que la Bible ne veut dire pas ce qu’elle dit ?

Le déterminisme, la croyance que les dieux, le karma, le destin, ou quoique vous voulez appeler le pouvoir ultime dans l’univers, ont prédéterminé tous les détails de la vie de chacun, était toujours partie des religions orientales. Il est entré dans la pensée occidentale par moyen de Zeno, fondateur de l’école stoïcienne de philosophie.

Elle est entrée dans la pensée pseudo-chrétienne par moyen d’Augustin, qui a jeté les bases intellectuelles de la doctrine catholique romaine. Augustin a adapté la pensée de Zeno, en disant que Dieu a prédestiné certaines personnes à être sauvées, et d’autres à être damnées. Comme il n’est pas donné à l’humanité de savoir dans quelle catégorie elle se situe, l’Église a le droit de contraindre tous les habitants de son territoire à être membres de l’Église et de confier ceux qui n’obéissent pas a son autorité aux autorités civiles. Et comme l’église et le pouvoir civil étaient complètement en unité, la désobéissance à l’église était une trahison envers l’État et devait être punie par la mort.

Depuis qu’on ne pouvait pas savoir qui était prédestiné au salut ou à la damnation, on ne pouvait pas le discerner par la conduite morale de la personne. En fait, ceux qui menaient une vie pure et sainte étaient considérés comme étant les pires des hérétiques. Cela a conduit à des aberrations au Moyen Age comme les jeunes filles qui étaient amenées au bourreau parce qu’elles refusaient les avances des prêtres.

Pendant la Réforme protestante, Jean Calvin a affiné la doctrine d’Augustin ; l’essence de la doctrine de Calvin est souvent décrite par cinq points :

La corruption totale – la corruption de l’humanité les empêche de choisir de répondre à l’appel de Dieu.

L’élection inconditionnelle – La conduite des élus n’a aucun rôle dans la détermination de leur salut.

La rédemption particulière – Christ n’est mort que pour les élus, ceux qui sont prédestinés à être sauvés.

La grâce irrésistible – la grâce de Dieu est transmise aux élus qui n’ont aucun pouvoir pour y résister.

La persévérance des saints – Les élus ne peuvent jamais perdre leur salut.

C’est la doctrine explicite des églises presbytériennes, réformées et la plupart des baptistes. D’autres églises croient le plupart de ce que Calvin a enseigné, mais peuvent être un peu nébuleuses dans leur compréhension de l’origine de ces croyances.

Le problème avec la doctrine de Calvin est que les bancs d’église sont occupés par des gens qui se croient être nés de nouveau par la grâce irrésistible du Saint-Esprit, mais qui montrent peu d’évidence d’une vie chrétienne. L’ancienne confession de Westminster a contourné ce problème en disant qu’une personne née de nouveau peut prendre de nombreuses années pour développer une assurance de salut. Un enseignement plus moderne est que la nouvelle naissance et la conversion sont des choses très différentes, la nouvelle naissance étant instantanée et la conversion étant un processus lent, presque imperceptible.

La Bible ne fait pas une telle distinction, les mots sont interchangeables. Il y a eu une période de transition pour les disciples qui ont marché avec Jésus mais qui n’ont pas reçu le Saint-Esprit jusqu’au jour de la Pentecôte. Jésus a dit à Pierre : « Quand tu seras converti, affermis tes frères. » Ce n’est que quelques jours plus tard que Pierre a prêché le jour de la Pentecôte et 3 000 ont été baptisés. Après cela, l’apôtre Paul dit : « Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. »

Certains peuvent être confus par les écrits de Paul sur la prédestination. Lisez les passages dans leur ensemble. Il dit que Dieu avait prédestiné qu’il ne devrait pas y avoir plus de division entre Juifs et Gentils, mais que tous pourraient être sauvés de la même manière. Il ne parle pas d’une prédestination particulière. Au bout d’un long passage sur la prédestination, il écrit : « Que dirons-nous donc ? Les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont obtenu la justice, la justice qui vient de la foi, tandis qu’Israël, qui cherchait une loi de justice, n’est pas parvenu à cette loi. Pourquoi ? Parce qu’Israël l’a cherchée, non par la foi, mais comme provenant des œuvres. »