Les histoires du Moyen Âge qualifient généralement tous les anabaptistes de dualistes manichéens. Autrement dit, ils les accusent de croire que le dieu de l’Ancien Testament était un dieu diabolique et que le Dieu du Nouveau Testament était un bon Dieu. Leonard Verduin, un historien qui a effectué des recherches approfondies sur les mouvements chrétiens en dehors des églises d’État, n’accepte pas ces accusations.

« Que devons-nous faire de l’accusation de dualisme?… (Cela) ne supporte pas un examen sérieux. Un des érudits les mieux informés dans le domaine de « l’hérésie médiévale », Herbert Grundmann, a conclu que, lorsque le hérésie fait son apparition en Occident dans la première moitié du onzième siècle, il n’y avait pas, autant qu’on puisse le déterminer, de doctrine dualiste présent n’importe où. Cette autorité souligne que l’accusation de dualisme est copiée pratiquement textuellement des écrits d’Augustin. Il fait également remarquer que ce que les gens de l’époque parlaient des « hérétiques » de leur époque est généralement présenté avec des expressions telles que « ils disent ça » ou « il y a des rumeurs ». Ces dispositifs indiquent que l’informateur était dépendant des autres pour ses affirmations. À cet égard, il convient de rappeler les particularités de l’esprit médiéval : il est proverbial que, lorsqu’une personne médiévale devienne curieuse du nombre de molaires dans la mâchoire inférieure d’un cheval, elle parcourait Aristote ou une autre autorité pour le découvrir, au lieu de regarder pour lui-même. Il y a un monde de vérité dans cette représentation de l’esprit médiéval. Il aurait été caractéristique pour une personne de cette époque de se tourner vers Augustin ou une autre autorité pour apprendre ce qu’était un hérétique, plutôt que de procéder à un examen de première main de l’exemple vivant qui était présent devant lui. »

-Leonard Verduim, The Anatomy of a Hybrid, page 133. © 1975 Wm. B. Eerdmans Publishing Co., Grand Rapids, Michigan, USA